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À travers différents moments nous avons appris à découvrir la culture sourde, à s'ouvrir à d'autres points de vue.

Nous espérons que ces documents aideront chaque soignant à mieux comprendre leurs patients sourds.

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À l'encontre des idées reçues

 

"Alors que la surdimutité est communément regardée comme la plus terrible des infirmités, les sourds se considèrent comme normaux. C’est que sourds et entendants n’ont pas les mêmes critères pour juger de la normalité. Les entendants définissent les sourds par rapport à un manque d’audition. C’est une définition physiologique. Les sourds se placent d’un tout autre point de vue : ils partagent le monde en deux catégories en fonction du mode de communication. C’est une définition culturelle. Il y a les gens qui communiquent avec leurs lèvres, et il y a les gens qui communiquent avec leurs mains : autrement dit, les entendants et les sourds. Deux manières d’être et de faire qui ont la même dignité et les mêmes potentialités.


Cette manière de penser se fonde sur la conviction que la langue des signes est aussi riche, aussi complète, aussi nuancée que n’importe quelle langue vocale. On peut en effet tout dire en langue des signes, dans tous les registres : discours familier, poésie, humour, technique… Alors que les entendants éprouvent beaucoup de difficulté à admettre qu’une langue du corps soit capable d’abstraction, les signes, exactement comme les mots, ont de multiples sens dérivés et métaphoriques. Cette langue présente en outre des caractéristiques d’une extraordinaire originalité qui, lorsqu’elles seront prises en compte par la linguistique générale, ne manqueront pas de bouleverser quelques-uns de ses fondements. L’arbitraire des mots (rien dans le mot «cheval» n’indique que l’on parle d’un cheval) est battu en brèche par les signes des sourds (le signe «cheval» stylise la forme de ses oreilles), dont les paramètres, contrairement aux phonèmes des langues vocales, sont porteurs de sens. Les sourds peuvent mettre à profit cette propriété unique pour construire un humour qui n’appartient qu’à eux, en condensant différents signes en un seul, dans lequel tous les paramètres d’origine restent reconnaissables : de tels signes-valises(2) sont la forme achevée des mots-valises qu’avait imaginés Lewis Caroll, l’auteur d’«Alice au pays des merveilles».


Cette langue a pourtant été, jusqu’à ces toutes dernières années, stigmatisée par des linguistes, des médecins, des experts en surdité, des enseignants auprès d’enfants sourds, des psychologues, des décideurs, qui n’en connaissaient pas le premier signe. Au point qu’elle a été interdite pendant un siècle dans les instituts spécialisés. Ce qui équivalait à prendre le risque terrifiant de priver l’enfant sourd de tout langage, puisque pour les sourds profonds de naissance l’apprentissage de la parole vocale est hautement problématique.


Les sourds font quotidiennement la dure expérience de l’altérité culturelle, expérience historique qui se répète dans chaque vie individuelle. Parmi les étapes qui jalonnent leur vie figure le moment crucial de la découverte qu’ils ne sont pas seuls au monde, mais qu’existe une collectivité d’êtres semblables à eux, avec sa langue propre. Ils en restent profondément marqués, et regardent le monde dans lequel ils sont immergés comme un monde inapte à comprendre ce qu’ils sont."

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Yves Delaporte, ethnologue au CNRS

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LA CULTURE SOURDE

Quelques autres éléments ...

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Comment interpeller une personne sourde ?

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